Monstresse(s) de Collectifs auteurs

Présentation du Recueil

𝐿𝑜𝑣𝑒́𝑒 𝑎𝑢 𝑐𝑟𝑒𝑢𝑥 𝑑𝑢 𝑠𝑒𝑖𝑛 𝑚𝑎𝑡𝑒𝑟𝑛𝑒𝑙, 𝑠𝑜𝑛 𝑐𝑟𝑢𝑒𝑙 𝑝𝑜𝑖𝑠𝑜𝑛 𝑠’𝑖𝑛𝑠𝑖𝑛𝑢𝑒 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑙𝑒 𝑙𝑎𝑖𝑡 𝑖𝑛𝑡𝑖𝑚𝑒, 𝑐𝑜𝑟𝑟𝑜𝑚𝑝𝑡 𝑒𝑡 𝑝𝑒𝑟𝑣𝑒𝑟𝑡𝑖𝑡 𝑗𝑢𝑠𝑞𝑢’𝑎𝑢 𝑠𝑜𝑐𝑙𝑒 𝑚𝑒̂𝑚𝑒 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑠𝑜𝑐𝑖𝑒́𝑡𝑒́. 𝐶’𝑒𝑠𝑡 𝑙𝑎 𝑑𝑒́𝑣𝑜𝑟𝑒𝑢𝑠𝑒, 𝑙𝑎 𝑝𝑢𝑖𝑠𝑠𝑎𝑛𝑐𝑒 𝑓𝑒́𝑚𝑖𝑛𝑖𝑛𝑒 𝑑𝑒 𝑙’𝑜𝑚𝑏𝑟𝑒, 𝑐𝑟𝑎𝑖𝑛𝑡𝑒 𝑒𝑡 𝑝𝑜𝑢𝑟𝑐ℎ𝑎𝑠𝑠𝑒́𝑒 𝑎̀ 𝑒́𝑔𝑎𝑙𝑒 𝑚𝑒𝑠𝑢𝑟𝑒.

𝑄𝑢𝑖 𝑠𝑒 𝑐𝑎𝑐ℎ𝑒 𝑑𝑒𝑟𝑟𝑖𝑒̀𝑟𝑒 𝑐𝑒𝑠 𝑡𝑟𝑎𝑖𝑡𝑠 𝑡𝑎𝑛𝑡𝑜̂𝑡 ℎ𝑖𝑑𝑒𝑢𝑥, 𝑡𝑎𝑛𝑡𝑜̂𝑡 𝑟𝑎𝑑𝑖𝑒𝑢𝑥 ?

𝐷𝑒𝑠𝑐𝑒𝑛𝑑𝑒𝑧 𝑎𝑢𝑥 𝑐𝑜̂𝑡𝑒́𝑠 𝑑𝑒 𝑛𝑜𝑠 𝑎𝑢𝑡𝑒𝑢𝑟𝑠 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑙𝑒𝑠 𝑐𝑎𝑡𝑎𝑐𝑜𝑚𝑏𝑒𝑠 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑐𝑖𝑣𝑖𝑙𝑖𝑠𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛, 𝑒𝑥𝑝𝑙𝑜𝑟𝑒𝑧 𝑐𝑒𝑡𝑡𝑒 𝑝𝑒𝑢𝑟 𝑑𝑢 𝑓𝑒́𝑚𝑖𝑛𝑖𝑛, 𝑒𝑥𝑐𝑎𝑣𝑒𝑧 𝑙𝑒𝑠 𝑡𝑎𝑏𝑜𝑢𝑠 𝑞𝑢𝑖 𝑙’ℎ𝑎𝑏𝑖𝑙𝑙𝑒𝑛𝑡, 𝑝𝑎𝑟𝑢𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑐ℎ𝑎𝑖𝑟 𝑒𝑡 𝑑𝑒 𝑠𝑎𝑛𝑔, 𝑜𝑟𝑛𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑑𝑒 𝑠𝑡𝑢𝑝𝑟𝑒 𝑒𝑡 𝑑𝑒 𝑣𝑒𝑛𝑔𝑒𝑎𝑛𝑐𝑒…

Carte d’identité du Livre

Titre : Monstresse(s)

Auteurs : Collectif auteurs

Éditeur : Noir d’Absinthe

Genre : Contemporain, fantastique, dark

Format : Epub

Nombre de pages : 302

Sortie prévue le 28 janvier 2022

Mon avis

Merci aux Éditions Noir d’Absinthe pour ce recueil effroyablement efficace !!

Les histoires

1 – Gésines de Xavier Lhomme : Une femme, épanouie, décrit avec passion les phases de la grossesse. Très vite on comprend qu’elle ne cherche pas à fonder une famille ou en tout cas à trouver un mari. Non ce qui lui plait c’est d’être enceinte et d’accoucher.

2 – Adeline Molette de Maxence Madone : Quand être une femme devient une tare car il faut encaisser tout ce qui ce fait de plus avilissant venant de ces collègues hommes. Alors Adeline, pour éviter de craquer, se focalise sur la photocopieuse, elle en prend soin, la bichonne; malheureusement c’est ce qui lui vaut toutes les moqueries possibles de la part de ses collègues.

3 – Mosquita Muerta de Sarah Kügel : Margaret et ses parents sont contraint de faire une halte dans un bouge à cause de tempêtes de sable à répétition. Au Sonora Inn, Margaret commence par faire d’étranges rêves, elle s’enfièvre et ses parents s’inquiètent. Quant à Terence, malgré les avertissements de son aîné de ne pas s’approcher de la jeune fille, se laisse prendre à ses filets.

4 – Enracinée de Dola Rosselet : Une famille dépassée par le budget de plus en plus important de l’entretien de leur manoir, décide de saisir une opportunité et de s’expatrier à l’étranger. L’aînée de la famille prend cette décision comme une trahison familiale. Elle est attachée aux bois qui entourent le manoir et à cette maison. Son seul plaisir est de se plonger dans les bois et de ne faire qu’un avec la nature.

5 – La Complainte de Saddie Burnell de Gillian Brousse : Tout commence par l’échappée d’une jeune femme qui ne pense qu’à une chose, se venger. Elle a un plan et elle est déterminée à le suivre coûte que coûte. Au fur et à mesure qu’elle approche de sa cible, elle évoque le pourquoi de sa vengeance.

6 – Les Griffes en dehors de Népenth S. : Amandine est en proie à un mal insidieux. Elle résiste comme elle peut et le cache à son entourage et à son travail. Chaque jour est une lutte, chaque jour les griffes lui grignotent sa détermination et sa lucidité, elle souffre mais elle se soigne, c’est ça le principal…

7 – Une affaire de famille d’Émilie Chevallier : 2098 – Uma est réveillée par une IA qui lui annonce le décès de sa mère. Alors commence pour elle, le parcourt du combattant. Elle se pensait enfin libre de partir se mettre au vert dans un endroit calme mais le testament de sa mère n’a pas fini de la poursuivre. Elle devra ruser, faire de concessions si elle veut atteindre la liberté.

8 – Violin Mantis de Charlène Ferlay : Ginevra et Erich sont lié par la musique. Si Ginevra n’est pas démonstrative, Erich se meurt d’amour. Mais pour Ginevra, la musique prévaut sur tout le reste même sur Erich. Leur musique est envoûtante jusqu’à la mort.

9 – Paradis Perdus de Elie Boudeau : Agnès, jadis brisée par un homme sans foi ni loi, tente de reconquérir un paradis perdu, en en tout cas de se construire un paradis. Pour ça elle doit se confronter une dernière fois au monstre qui l’a anéantie. Un homme toujours égal à lui-même, qu’il est facile de duper.

10 – Oh lala, Lola ! de Maëlig Duval : Gare à la grossophobie et autres travers dans les transports en commun. Lola n’aime pas prendre le métro, elle préfère marcher mais aujourd’hui elle est en retard. Elle est enceinte mais ça ne semble pas émouvoir les gens qui la laisse debout pendant le trajet. Alors la nausée la prend, mais elle se retient, elle sait comment ça va se terminer…

11 – La Monstration de Kathrine Hasnaoui : Dans un temps indéfini, un groupe de jeune garçon arrive dans un Centre d’Éducation Pubère. Dans ce centre, les instructeurs vont leur apprendre à devenir des hommes. A accepter cette virilité, à développer leur virilité et tout ce qui va avec : compétition, combat, bagarre, ça sera à celui qui saura devenir plus fort que ses camarades. Une dernière chose, on les emmène dans une sorte de musée-labo où on leur montre pour la première fois un spécimen monstrueux de femme. Cet être qu’il ne faut pas approcher et qu’il faut éradiquer car il est source de dissidence et bien d’autres maux que l’homme a eu du mal à se défaire.

12 – Incouchement de Morgane Stankiewiez : Cécile doit subir une intervention chirurgicale devant lui donner à nouveau la possibilité d’enfanter. Alors que l’opération est une réussite, Cécile doit apprivoiser ce corps qu’elle a l’impression de ne plus connaître, de ne plus comprendre.

Les personnages

Pour 11 de ces nouvelles, les protagonistes sont toutes des femmes. Des femmes comme personne ne peut les imaginer (enfin si les auteur-es…). Ce sont des femmes qui revendiquent leur liberté, l’appartenance de leur corps, certaines ont souffert et n’aspirent qu’à la vengeance, d’autres ont versé dans une folie furieuse. Toutes montrent ce fossé entre la société « bien pensante » et la condition féminine complètement écrasée, non respectée, humiliée… Il ne s’agit pas là de faire le procès des hommes, non mais plutôt montrer la force d’une femme, le danger latent d’une femme anéantie… La monstruosité est toujours pensée au masculin, seul l’homme avec sa force, sa férocité et cette soumission aux hormones est capable de commettre des atrocités… mais …

Et bien accrochez-vous ! Dans ce recueil, les auteurs vous montre que la femme peut se montrer tout aussi barbare voir plus qu’un homme. L’idée est d’autant plus choquante car tout le monde imagine les femmes complétement incapables de perpétuer des atrocités.

Certes on pourrait accorder à certaines le fait, d’avoir été maltraitées, humiliées et anéanties, le fait qu’elles ont été poussées à perpétuer leur vengeance pour tourner la page ou tout simplement parce qu’elles ont perdu la tête à force de violence et d’humiliation… à vous de jugez ! en tout cas, ne pas sous estimer une femme meurtrie…

Vous verrez que les personnages apportent une différence d’appréciation dans la nouvelle « Monstration », enfin je l’ai perçu inversée par rapport aux autres nouvelles.

La Plume, le Scénario

L’écriture des auteurs

Je ne vais pas parler de l’écriture de chaque auteur; Tout ce que je peux dire c’est que chacun à leur manière nous emmène profondément dans la noirceur de l’âme des monstresses. Tous ces récits montrent qu’une femme peut être un monstre. Et un monstre tout aussi barbare qu’un homme si ce n’est plus. Ce n’est pas une question de force mais de détermination, de folie, d’esprit brisé… Les histoires sont percutantes, plusieurs fois m’ont fait grimacer, si j’avais été au cinéma, je me serais cachée les yeux !

Les personnages

Des femmes, des femmes folles, des femmes meurtries, humiliée réduite au statut d’objet sexuelle, d’objet tout court. Une sauvagerie surprenante ? Peut-être pas tant que ça, quand on sait comment peut être une mère qui protège ses enfants…

Si 11 des nouvelles, les protagonistes sont des femmes, dans une seule nouvelle, le personnage catalyseur c’est un homme, un jeune garçon devenu homme. J’ai trouvé cette nouvelle pleine d’espoir et de lumière malgré le sujet, la fin fait sourire aux larmes.

Les histoires dans leur globalité

L’idée qui ressort de ce recueil c’est que la barbarie n’est pas qu’une histoire d’homme. La femme est capable d’horreurs insoupçonnées, sous-estimées même.

D’une femme brisée, anéantie, humiliée, violentée peut ressortir un monstre redoutable et déterminé, sans scrupule et jugeant être dans son bon droit, jugeant devoir passer par là pour tourner la page, pour survivre, pour continuer à vivre… je pense notamment à Agnès. La folie peut également être la seule cause au cauchemars; tout ça pour dire qu’il ne faut pas sous-estimer une femme !

Je dirais que deux nouvelles m’ont marqué particulièrement :

  • Monstration pour cette fin étonnante et puissante surtout que la parole vient du protagoniste ! et malgré l’horreur la fin apporte une lumière, un espoir.
  • Incouchement : cette nouvelle parle des injonctions sociétales, des injonctions du couple, de la pression que subissent les femmes face au devoir de faire des enfants. Ce moment où en tant que femme, on aimerait retourner à l’état d’enceinte et ne jamais quitter cet état car on est au plus près de cet enfant qui nous échappe après… Cette nouvelle était assez bouleversante malgré l’horreur de la situation de Cécile. Disons que son corps traduit son cœur.

Les thèmes abordés

  • La grossesse et ses injonctions
  • La rupture
  • Les blessures morales
  • Les instincts noirs
  • La souffrance
  • La peur
  • Le retour à l’humanité
  • La place de la femme
  • L’indispensable rôle de la femme dans l’humanité
  • La folie
  • Les injonctions de couple
  • La maltraitance masculine
  • La misogynie
  • l’enracinement

En Bref

Un recueil qui fait froid dans le dos, un recueil où le monstre c’est la femme, la puissante femme qui décide, qui assume ou pas sa part de monstruosité mais surtout qui est libre et vengeresse.

Des personnages qui perdent petit à petit leur humanité au profit de leur toute puissance, de leur vengeance, de leur souffrance. Des personnages bouleversant dans leur psyché, dans leur transformation, dans leur lucidité.

Des histoires où la femme fait peur, la femme est reine, la femme souffre et se défend, se relève et se venge et devient ce que les autres font d’elle, ou pour certaines ce qu’elles décident de devenir.

Merci à Morgane Stankiewiez, Éditrice chez Noir d’Absinthe, de m’avoir confié ce recueil de nouvelles dark où la femme est monstresse, où la femme dicte sa loi et se plie à ses instincts !

Source Image Noir d’Absinthe

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